Pourquoi la tour de Pise est penchée, ou l’importance des fondations dans l’architecture
C’est une question que l’on s’est tous posé un jour dans notre vie : pourquoi la tour de Pise est penchée ? Etait-ce un effet de style volontaire ? Pourra-t-elle un jour être redressée ? On analyse aujourd’hui ce joli fail architectural.
La tour de Pise, une construction de 200 ans
La tour de Pise fait partie de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. Située à Pise (d’où son surnom) en Toscane, elle a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est effectivement un petit bijou d’architecture, typique de l’art roman de l’époque.
Toute en marbre, elle mesure 55,86 mètres de hauteur… Ou 56,71, selon le côté d’où on la mesure… A l’intérieur, on trouve un escalier en colimaçon.
Sa construction remonte à 1173, une dizaine d’années après le début des travaux de construction de la cathédrale. Et elle durera deux siècles. Oui, oui.
Si les travaux ont été aussi longs, c’est parce que la tour a rapidement présenté quelques problèmes. Arrivés au 3ème étage, les responsables des travaux se rendent comptent qu’elle penche dangereusement d’un côté. La construction est alors suspendue pendant pas moins de 90 années.
Un architecte tente de reprendre le flambeau en 1230 mais abandonne finalement au bout d’un étage.
Dès 1272, quatre étages sont ajoutés. On les réalise volontairement de biais avec des arches et colonnes un peu plus hautes sur l’un des côtés pour « compenser l’inclinaison ». Puis les travaux s’arrêtent à nouveau, pour reprendre plusieurs dizaines d’années plus tard. Le dernier étage, où l’on trouve les cloches, est achevé en 1372.
On raconte que la tour penchait de 0,2 degrés durant ses premières années. L’inclinaison aurait dépassé le degré en 1278, pour atteindre 1,6 degré au moment de l’érection du 6ème étage.
Un terrain peu adapté et des fondations à revoir
Selon les experts, le terrain sur lequel la tour a été bâtie serait la première cause du défaut de la tour de Pise.
Il s’agit d’une plaine alluviale (composée de divers matériaux déposés au fil des crues des cours d’eau alentour) qui se serait affaissée naturellement au fil des années. L’eau présente à l’intérieur rend ce sol malléable.
L’absence de fondations solides est également regrettable : les constructeurs de la tour n’avaient prévu que des fondations de 3 mètres de profondeur.
Des années de travaux pour redresser la tour de Pise
Outre la création d’étages de travers, les murs de la partie qui penchait ont été affinés pour tenter (en vain) d’éviter que la tour ne s’affaisse. On a également tenté de couler des centaines de tonnes de béton, de renforcer les fondations avec des piliers de 15 mètres de profondeur, de drainer le sol pour abaisser le niveau de la nappe phréatique sous la tour, de faire refroidir le sol grâce à la cryogénie (qui a fait plus de dégâts qu’autre chose…), ou d’ajouter une armature interne en acier.
Ces travaux ont coûté au total 28 millions d’euros. Ils ont fonctionné de façon relative, permettant de découvrir un vieux cimetière et d’en exhumer des momies, mais surtout de redresser la tour de Pise d’une quarantaine de centimètres et de la stabiliser pour un temps. Depuis 2004, elle aurait à peine bougé ! Certains affirment même qu’elle se serait naturellement redressée au fil des années. L’université de Pise évalue ce redressement à 4 centimètres.
Pour des raisons de sécurité, la tour a été fermée au public dès 1990. De grands travaux ont ensuite été conduits pour éviter qu’elle ne s’écroule. Depuis 2001, on peut à nouveau la visiter. Notons qu’elle a su résister à quatre tremblements de terre : paradoxalement, le sol qui la rend si instable permet aussi qu’elle ne s’effondre pas. Maintenant, vous savez au moins pourquoi la tour de Pise est penchée.