La Villa Cavrois, chef d’oeuvre de l’architecture moderne

La villa Cavrois fait partie des pépites de l’architecture moderne. Conçue par l’architecte Robert Mallet-Stevens dans les années 1930, elle a été abandonnée, puis restaurée dans les années 2000.

La Villa Cavrois par l'architecte Robert Mallet-Stevens

Une maison d’architecte familiale par Robert Mallet-Stevens

La maison a été construite entre 1929 et 1932 par l’architecte belge Robert Mallet-Stevens pour le compte de l’industriel textile Paul Cavrois et sa (grande) famille – qui comptait 7 enfants.

L'extérieur de la villa Cavrois, entourée des jardins Mallet-Stevens

Située à Croix, près de Roubaix, c’est une maison très moderne. Paul Cavrois était sensible à cette modernité qui émanait du travail de Robert Mallet-Stevens, inspiré par le travail du minimaliste Frank Llyod Wright et le mouvement du Bauhaus, et connu pour faire rimer élégance et avant-gardisme comme personne. On retrouve des similarités entre la villa Cavrois et d’autres de ses projets, comme l’Hôtel de ville d’Hilversum aux Pays-Bas, recouvert de briques jaunes et aux lignes épurées.

La Villa Cavrois, chef d’oeuvre de l’architecture moderne

Paul Cavrois voulait une maison moderne de par sa forme et son aspect extérieur (avec des toits terrasses et via une certaine géométrie, omniprésente), mais pas seulement. A l’intérieur, la façon dont l’architecte a travaillé la lumière et conçu la demeure est également très en avance sur son époque.

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On y trouve d’immenses fenêtres (très rares alors), et aucun éclairage n’est direct. La lumière est tamisée, “flottante”. Une attention aux détails rare et remarquable.

Il y a aussi le meilleur de ce qu’il se faisait alors en matière de technologies : un chauffage central, une TSF intégrée dans les murs, un téléphone dans chaque pièce, un système de ventilation et même un ascenseur. Car oui, la Villa Cavrois mesure pas moins de 2800 mètres carrés, dont 1840 mètres carrés habitables et 830 mètres carrés de terrasses, réparties sur 60 mètres de long.

La villa Cavrois à l'intérieur

Ce vaste espace est divisé en plusieurs ailes : l’aile dédiée aux parents, celle des enfants, et celle du personnel de maison. Des pièces communes font la jonction : pièces de réception, salles dédiées à la détente ou au sport, terrasses. 

Côté matériaux, Robert Mallet-Stevens a opté à l’intérieur pour beaucoup de marbre, que l’on retrouve en différentes teintes, mais aussi de l’aluminium, du verre, du ciment et du bois. A l’extérieur, il applique sur la façade les briquettes jaunes qui ont fait sa renommée.

L'extérieur de la Villa Cavrois est en briques jaunes

Un chef d’oeuvre d’architecture totale pensée par Mallet-Stevens

La Villa Cavrois est considérée comme un chef d’œuvre d’architecture totale. Chaque détail, de l’extérieur ou de l’intérieur, y est pensé avec soin. Chaque meuble ou objet décoratif est pensé par l’architecte.

Lors de sa construction, elle ne fait pourtant pas l’unanimité. La bourgeoisie de l’époque raffole des maisons anglo-normandes. A côté, la villa semble presque austère. C’est l’anti-thèse des bâtisses démonstratives et du luxe ostentatoire. L’ancêtre en quelques sortes de la tendance quiet-luxury, version architecture. Certains parleront de “folie Cavrois” ou de “péril jaune”.

La villa Cavrois, symbole de l'architecture moderne, épurée et élégante.

La rénovation de la Villa Cavrois : une restauration remarquable

La villa est entourée d’un parc majestueux de 17 hectares (5 à l’origine), les jardins Mallet-Stevens, ouverts au public. Elle resta habitée par la famille Cavrois jusqu’en 1987. Laissée à l’abandon et vandalisée, elle devait être détruite. Plusieurs architectes signent alors une pétition pour sauver la maison. Parmi eux, Renzo Piano, Norman Foster, Tadao Ando… Bref, des pointures du milieu. 

La Villa Cavrois sera finalement classée monument historique en 1990, et rachetée par l’Etat en 2001. 

S’en est suivi un impressionnant travail de rénovation et restauration. Il a fallu, pour la remettre en état, gérer toutes les problématiques structurelles comme les infiltrations d’eau. Des arbres poussaient à l’intérieur, le bâtiment se dégradait à toute vitesse.

La cuisine dans la Villa Cavrois

Une fois assaini, le bâtiment a pu être reproduit comme en 1932, grâce aux archives de l’architecte Robert Mallet-Stevens, des photographies d’époque retrouvées… au Canada.

Le marbre, le plancher, les peintures murales de l’époque ont été remis en valeur.

Le marbre vert de la villa Cavrois, remis au goût du jour

Crédits photo : Guillaume Rousselle pour Blog Esprit Design + Pinterest + WikiArquitectura