Livre : Yona Friedman nous raconte l’architecture de survie

En matière d’architecture, on a bien vite tendance à ne s’intéresser qu’au faste et au luxe. Aux beaux bâtiments, ceux qui ont coûté une petite fortune… Mais très peu, finalement, à l’habitat des populations pauvres. Dans son livre L’architecture de survie, Yona Friedman tente d’y remédier. Voici notre petite revue littéraire de ce passionnant ouvrage.

L'architecture de survie - Yona Friedman

Yona Friedman et l’ego des architectes

Déjà, qui est Yona Friedman ? Et bien c’est un architecte et sociologue, franco-hongrois.

L'architecte et auteur Yona Friedman

Dans son livre, il nous explique entre autres qu’il faudrait, selon lui, repenser le rôle des architectes. Dans un monde marqué par le changement climatique et la pauvreté, il estime que les architectes ne peuvent plus se contenter de faire de jolis bâtiments qui flattent leur ego. Il est grand temps de réfléchir d’abord aux besoins, aux modes de vies réels et aux envies des populations. Pour cela, il mise notamment sur le concept d’auto-planification. Grâce à une série de méthodes qu’il détaille, il voudrait que chacun puisse décider de l’organisation de son habitat. L’architecte, dans ce contexte, n’aurait finalement plus qu’un rôle de conseiller qualifié.

Yona Friedman

Les villes sont-elles encore viables ?

Autre hypothèse que formule Yona Friedman : les villes, telles qu’on les conçoit aujourd’hui, gigantesques et souvent un peu déshumanisées, ne seront plus viables à terme.

Il explique notamment que les habitants de ces mégalopoles sont trop dépendants de ceux des campagnes ou d’autres pays, pour la production de nourriture par exemple. La solution ? Créer des ilots urbains, sortes de villes dans la ville, et encourager autant que possible l’auto-suffisance, grâce à des concepts comme l’agriculture urbaine.

Il imagine des villages organisés et structurés, qui cohabitent entre eux, forme, selon lui, optimale d’organisation…

Ce que peuvent nous apprendre les bidonvilles en matière d’architecture

Parce que c’est « la société du monde pauvre qui est en train d’inventer l’architecture de survie », Yona Friedman s’intéresse ensuite aux bidonvilles. Il dit que nous aurions beaucoup à apprendre de leurs formes d’organisation et des structures qui y sont mises en place.

Certes, vivre dans des bidonvilles, tous, n’est pas une solution optimale. Il revient notamment sur l’accès difficile aux ressources, mais aussi sur des sujets plus légers comme la question de l’esthétique de ces habitats de fortune.

Livre l'architecture de survie

L’auteur et architecte partage d’ailleurs à ce sujet d’intéressantes perspectives. Pour lui, les bidonvilles ne sont pas jolis parce qu’on ne les décore pas – ce qu’il relie à toute une série d’explications sociologiques plus complexes, avant de détailler quelques méthodes décoratives peu coûteuses ou gratuites. En fait, alors que nous rêvons de retaper de vieilles maisons ou fermes en ruines, pourquoi ne porterions-nous pas la même attention aux habitats de survie ?

Faut-il lire ce livre ?

Ce livre aborde de multiples sujets, qui auraient parfois mérité à eux-seuls un ouvrage entier. On a envie d’en lire plus, de creuser avec Yona Friedman chaque thématique, en profondeur.

Si l’auteur peut sembler par instants un peu naïf dans son approche, cette naïveté, il faut le dire, est plutôt réconfortante et réjouissante… d’autant plus lorsqu’on aborde des sujets comme la survie de l’humanité.

En bref, c’est un excellent ouvrage, très accessible et simple à lire, que l’on vous recommande chaudement !

Prix poche : 7 euros. Acheter ce livre.

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