Qui est Diébédo Francis Kéré, l’architecte afro-futuriste qui a remporté le prix Pritzker ?

C’est une grande première dans l’histoire du prix Pritzker. Cette année, la récompense la plus convoitée du monde de l’architecture a été décernée à un artiste africain, le germano-burkinabé Diébédo Francis Kéré. L’occasion de revenir sur le parcours de cet architecte engagé et visionnaire.

En images : Trois projets de l’architecte Diébédo Francis Kéré 

L’architecture entre Gando et Berlin

Le gagnant du prix Pritzker Diébédo Francis Kéré a grandi dans le village de Gando, situé au cœur du Burkina Faso. A 7 ans seulement, il est contraint de quitter sa famille pour aller à l’école en ville : son père tient absolument à ce qu’il apprenne à lire et à écrire.

Il obtiendra plus tard une bourse qui lui permettra de voyager et d’étudier en Allemagne, à Berlin, où il deviendra charpentier puis créera son agence, Kéré Architecture.

Son parcours se joue ensuite entre ces deux vies qu’il continue de mener en parallèle. A Gando, où il n’y a à l’époque ni eau courante, ni électricité, il construit la toute première école, puis des logements pour les professeurs y enseignant, une bibliothèque, un centre pour les femmes, un lycée puis un centre de formation dédié aux métiers de la construction.

Il signe d’autres projets dans plusieurs pays africains, comme le Kenya, le Soudan ou le Mali, ainsi qu’aux États-Unis et bien sûr, en Allemagne.

Des bâtiments « entre utopie et pragmatisme »

Il définit ses réalisations comme étant à « l’intersection entre utopie et pragmatisme« . Il s’agit d’une « architecture contemporaine, qui nourrit l’imagination d’une vision afro-futuriste« . En témoigne par exemple son projet de campus technologique Startup Lions, situé sur les rives du lac kenyan de Turkana.

Posé sur le front d’une colline, le bâtiment est une version modernisée des terriers que les termites créent dans la région. Il reprend leur esthétique, mais aussi leur système ingénieux d’aération naturelle.

Avec ses coloris naturels, ses lignes épurées et les jeux de lumière qu’il abrite, il symbolise à lui-seul le talent et la patte de l’architecte.

Ce campus répond aussi à une problématique locale et sociale, en formant des jeunes aux nouvelles technologies de la communication, dans une région où cette frange de la population connaît un taux de chômage particulièrement élevé.

Diébédo Francis Kéré, un artiste engagé

Ce n’est pas pour rien que le gagnant du prix Pritzker Diébédo Francis Kéré est qualifié d’artiste engagé. Ses bâtiments sont durables, conçus avec des matériaux locaux. Il implique les populations dans ses projets, afin de mieux répondre à leurs besoins.

Dans un passionnant Ted Talk, il revient sur ce défi. A Gando, il voulait intégrer les villageois dans la conception des bâtiments, mais il lui fallait apprendre à travailler avec des personnes qui n’avaient pu apprendre ni à lire ni à écrire. Ce genre d’obstacles ne l’a jamais freiné : au contraire, il s’est peu à peu mis à former des équipes locales et leur offrir une formation professionnelle.

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Il s’est illustré dans la création de projets civiques ayant une vocation sociale, éducative, liés à la santé ou aux droits humains. Pour résumer, pour lui, l’architecture se doit avant tout d’améliorer le bien-être des populations. Un travail, raconte-t-il au journal Le Monde, « qui ne correspond pas à ce que la fondation [Pritzker] a l’habitude de distinguer« .

Jamais, admet celui qui avait déjà remporté plusieurs prix – le premier étant l’Aga Khan Award Architecture en 2004 -, il n’avait imaginé un jour obtenir une telle reconnaissance. « J’ai toujours considéré mon activité comme une affaire personnelle (…) et je mesure aujourd’hui le devoir, la grande responsabilité que cela implique, je n’arrive toujours pas à y croire complètement« , ajoute Diébédo Francis Kéré. Il le promet cependant : sa responsabilité est avant tout de continuer à faire ce qu’il faisait jusqu’à présent, mais « avec plus d’engagement encore« .

Vous voulez en savoir plus sur son travail ? N’hésitez pas à lire notre second article dédié à l’architecte, dans lequel on vous présente en détails trois de ses projets.