Le refuge de montagne vu par Charlotte Perriand

Baptisé le Tonneau, cet habitacle singulier symbolisait selon l’architecte et designeuse Charlotte Perriand le parfait refuge de montagne.

Le refuge Tonneau par Charlotte Perriand

Du Bivouac au Tonneau : la quête du refuge de montagne parfait

 Durant sa (riche) carrière, Charlotte Perriand n’a eu de cesse d’explorer l’architecture en montagne. Passionnée de ski et d’alpinisme, c’est d’ailleurs elle qui est à l’origine de la station de ski française des Arcs. On y retrouve en effet ses bâtiments inclinés à l’intérieur moderne, ultra-optimisé et design.

Portrait : Charlotte Perriand, designer visionnaire, architecte engagée et bien plus encore

Dans les années 1930, elle se met en tête de créer le refuge d’altitude parfait. Elle veut une structure légère et fonctionnelle… Sans pour autant sacrifier le confort et l’esthétique.

Sa première tentative remonte à 1936 avec le Bivouac. Mais elle échoue malheureusement, le vent fragilisant trop ce refuge.

Lors d’un voyage en Croatie, elle prend en photo un manège pour enfants, et c’est le déclic. C’est de cet objet dont elle s’inspirera pour ses dessins, sur lesquels Pierre Jeanneret, son collaborateur de l’époque, lui donnera un coup de main.

Le refuge Tonneau, comme on le surnomme, est imaginé en 1938. Cette fois, l’architecte et designeuse réussit à trouver le bon compromis entre un refuge léger, que l’on peut facilement monter, démonter et transporter. Et malgré tout solide face au vent.

Mais à cause de la seconde guerre mondiale, il restera à l’état de maquette. C’est finalement l’éditeur Cassina qui se donnera cette mission bien plus tard, à l’occasion du salon de Milan d’avril 2012, grâce à une maquette et des plans précieusement conservés par la fille de Charlotte Perriand, Pernette Perriand-Barsac – qui fut son assistante deux décennies durant.

Un extérieur futuriste pour un intérieur en bois chaleureux

La première chose que l’on remarque de ce refuge, c’est évidemment sa structure métallique. Elle se compose de panneaux d’aluminium préfabriqués. Ils surplombent une sorte de chapeau ou parapluie argenté, inspiré du fameux carrousel.

Sur les façades, sont découpées quelques ouvertures circulaires, comme des hublots, rappelant cette fois une fusée.

L’extérieur futuriste contraste avec l’aménagement intérieur, entièrement réalisé en bois de sapin.

Le refuge comporte deux niveaux. Au rez-de-chaussée, on retrouve une pièce à vivre, comme un petit salon avec son poêle, qui se transforme le soir en chambre à coucher grâce à des lits escamotables, maintenus par des liens en cuir. Bancs ou tables la journée, couchages la nuit, ils sont réalisés en bois et rappellent les wagons-lits de l’époque. Charlotte Perriand puisait son inspiration partout dans son environnement. Elle appelait cela avoir un « oeil en éventail ». Cela se concrétise donc une fois de plus dans ces meubles.

Il y a également une cuisine, où se mêlent bois et acier, avec un évier dans lequel faire fondre de la neige, et une étagère dédiée à un réchaud.

 

Partout, des rangements intégrés et pièces de mobilier épurées, symboles du style pratique et minimaliste de Charlotte Perriand, qui a toujours aimé meubler les petits espaces.

A l’étage du dessus, sous le nuit, on trouve un autre espace de couchage, auquel on accède grâce à une échelle.

Un projet emblématique du travail de Charlotte Perriand

Charlotte Perriand avait prévu trois déclinaisons pour son refuge Tonneau, pouvant accueillir chacune entre 8 et 48 personnes. Il devait pouvoir être porté à dos d’homme.

« Ce projet, expliquera sa fille Pernette Perriand, est emblématique de son style et de sa passion pour la haute montagne« . A Gianluca Armento, directeur de Cassina, d’ajouter : « C’était rendre justice à Charlotte Perriand que de faire exister son projet ».

Le refuge Tonneau a été exposé dans plusieurs musées et villes, notamment à Annecy et Flaine, une station de ski française.