Des meubles qui se divisent par deux après un divorce : une idée pas si bête ?

Et s’il suffisait de séparer les meubles en deux lors d’une séparation ou d’un divorce ? Et si on pouvait s’éviter la sempiternelle question et les négociations, pour savoir qui gardera le canapé en velours et qui emportera la table achetée en commun chez Ikea lorsque tout allait bien ?

Cette idée, la marque argentine FC Hogar&Deco a décidé de la prendre au pied de la lettre, en inventant une gamme de mobilier que l’on peut aisément diviser en deux. Le canapé devient deux canapés, la table se scinde en deux parties, les blocs de la bibliothèque tiennent indépendamment les uns des autres. Même les tableaux au mur peuvent divorcer.

Le projet de meubles à diviser après un divorce semble peut-être un peu farfelu – au mieux – ou au pire d’une profonde tristesse. Car cela signifie au fond qu’en achetant ses meubles, on devrait déjà penser à une éventuelle séparation. Mais en réalité, il soulève d’importantes questions, bien plus sérieuses qu’il n’y paraît.

 

Le nombre de divorces en hausse, une manne financière pour les entreprises

 

Vous n’y avez sans doute pas échappé autour de vous. Durant ces derniers mois de pandémie, mis à l’épreuve par les confinements successifs, les couvre-feux et l’anxiété générale, de nombreux couples se sont séparés. Le nombre de demandes de divorces a par exemple augmenté de 34% entre juin 2019 et juin 2020 aux États-Unis. En Argentine, où est basée la marque FC Hogar&Deco, elles ont grimpé de 35%.

 

Quant à la France, même si l’on manque de données récentes suffisamment solides, sachez que rien qu’en 2018, on comptait 128 000 divorces selon l’INSEE. Et lorsqu’on s’intéresse aux couples non mariés, le chiffre explose : entre 2010 et 2018 par exemple, le gouvernement dénombrait 425 000 séparations conjugales.

 

La répartition des meubles est inégale après une séparation

 

Le problème, c’est que bien souvent, la répartition des biens est inégale après un divorce. Et que ce sont généralement les femmes qui en pâtissent le plus, bien qu’elles y gagnent durant le mariage (en effet, en 2010, on estimait qu’elles avaient environ 13% de patrimoine en moins que celui des hommes comme un logement ou des meubles, dont elles pouvaient souvent profiter durant l’union).

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Toujours d’après l’INSEE, « les femmes sont davantage touchées financièrement par la séparation que les hommes« . En moyenne, leur niveau de vie diminue de 375 euros par mois, soit une baisse de 24%, alors que « celui des hommes se maintient« .




Elles obtiennent par ailleurs plus souvent la garde des enfants (durant l’année de la séparation, 63% d’entre elles sont le référent fiscal d’une famille monoparentale). Or la pauvreté touche 43% des femmes séparées ayant des enfants à charge, contre 33% des femmes seules sans enfant. C’est donc un facteur aggravant de leur précarité.

 

Au total, on estime que la part des femmes vivant sous le seuil de pauvreté lorsqu’elles se séparent de leur conjoint passe de 16 à 36% l’année de la séparation.

 

« Leur niveau de vie remonte quelque peu les années suivantes, sans pour autant rattraper le niveau initial« , ajoute l’INSEE. Trois ans après la séparation, elles sont toujours 27% à être sous le seuil de pauvreté.

 

Que dit la loi à propos du partage des meubles suite à un divorce ?

Concernant les meubles, le Code Civil est (plus ou moins) clair. Il indique : « Tout bien, meuble ou immeuble, est réputé acquêt de communauté si l’on ne prouve qu’il est propre à l’un des époux« .

 

Concrètement, sous le régime de la séparation des biens, chacun conserve les biens qu’il a acquis, avant et pendant le mariage.

 

Sous le régime de la communauté des biens, les biens achetés après le mariage appartiennent, sauf mention contraire, aux deux époux ou épouses. En cas de divorce, tout doit être divisé par deux, et peu importe si l’une ou l’autre a acheté 90% des meubles. Pour pouvoir embarquer la table, il faudra donc trouver un accord, ou prouver qu’on la possédait avant l’union : si on l’a hérité de ses ancêtres par exemple (grâce à des registres, titres de famille, papiers domestiques), ou à l’aide d’une facture – celles que personne ne garde vraiment – ou documents bancaires.

 

En cas d’absence totale de preuves, un témoignage peut parfois suffire.

 

48,5% des adultes mariés l’étaient sous le régime de la communauté des biens en 2015 (contre 61% en 1998).

 

Une maison entière à diviser en deux

 

Vous ne serez sûrement pas étonnés si on vous dit que les mêmes inégalités se retrouvent du côté du logement. Parmi les 75% de divorcés dont l’un garde l’appartement ou la maison pour y vivre, les hommes sont gagnants dans 43% des cas, les femmes dans 32%.

 

En 2016, un studio d’architectes néerlandais du nom de Studio OBA avait voulu construire une maison qui se sépare en deux en cas de séparation.


Si le projet ne semble pas avoir abouti depuis, la « Prenuptial House » permettait en théorie de pouvoir faire d’une maison flottante deux maisons… Ou de pouvoir plus tard se coller à une autre maison en cas de coup de cœur réciproque… Comme dirait Céline Dion, l’amour existe encore !