Architecture : le siège du parti communiste d’Oscar Niemeyer en images

Le siège du Parti communiste Français (PCF) est un bijou d’architecture à part. Réalisé par Oscar Niemeyer dès la fin des années 1960, il se distingue par ses courbes, qui adoucissent l’omniprésence du béton.

Le siège du parti communiste français, bijou d’architecture

Les premiers dessins du bâtiment sont présentés dès 1965 par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Il explique alors à l’époque qu’il souhaite faire du siège du parti communiste à Paris “un exemple d’architecture contemporaine, un point d’attraction et de tourisme”. Il veut un bâtiment “aux formes nouvelles”. Il sera “simple, sans finitions luxueuses et superflues”. “La maison du travailleur (…), un bon exemple d’architecture, mais aussi une marque de la société socialiste”.

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Le siège du parti communiste français est un bloc de béton.

C’est dans le 19è arrondissement de Paris, Place du Colonel-Fabien, qu’il visualise ce projet en collaboration avec trois autres architectes : Jean Prouvé (à qui l’on doit le “mur-rideau” qui recouvre les façades), Jean Deroche et Paul Chemetov. Les travaux débutent en 1968 et s’achèveront en 1971. Certaines parties, comme la coupole, les souterrains ou le parvis datent quant à elles de la fin des années 70.

Un bâtiment tout en courbes et moderne signé Oscar Niemeyer

L’immeuble du siège du parti communiste français est une vaste bâtisse, en forme de S. Un rectangle avec à ses extrémités, des parties plus courbées. Oscar Niemeyer disait à ce sujet : “ce n’est pas l’angle droit qui m’attire, ni la ligne droite inflexible créée par l’homme. Ce qui m’attire, c’est la courbe libre et sensuelle, la courbe que je rencontre dans les montagnes de mon pays, dans le cours sinueux de ses fleuves, dans le nuage du ciel, dans le corps des femmes. Tout l’univers est fait de courbes”.

Un bâtiment tout en courbes.

Il est monté sur pilotis grâce à plusieurs poteaux, qui lui donnent l’impression de flotter dans l’air. C’est l’une des caractéristiques typiques de l’architecture moderne, dont Le Corbusier fut l’un des pères dans l’Hexagone.

Le bâtiment se conclut aux extrémités par deux "S".

Moquette verte et béton : l’architecture moderne revisitée

Le sous-sol est un gigantesque espace composé de trois étages.

Au premier, on trouve le “foyer de la classe ouvrière”, à savoir un grand hall. Ses parois sont volontairement laissées en béton brut. L’espace est recouvert au sol de moquette verte (une couleur que l’on retrouve partout dans l’édifice), et délimité par quatre piliers de béton. Oscar Niemeyer voulait se distinguer de l’héritage de Le Corbusier avec cet espace, poussé par “l’attrait d’une architecture plus libre”. S’il a gardé le béton armé et les colonnes, il militait néanmoins pour une architecture plus “légère”. Pour lui, il était primordial d’injecter dans ses inspirations un peu de fantaisie.

Les meubles design ont été dessinés par Oscar Niemeyer.

L’architecte brésilien a dû par ailleurs composer avec des contraintes d’espace dans le siège du parti communiste français. “Quand il y a trop de volume sur un terrain exigu, il n’y a plus de spectacle architectural, estimait-il ainsi, et tout devient laid”. Il souhaitait donner au hall une forte ampleur. C’est pour cette raison qu’il le fit en profondeur, dans les sous-sols, “pour ne pas occuper trop de terrain”.

Au second étage sous terre, on trouve des bureaux, salles de réunion, ou encore une cafétéria. Au troisième enfin, des bureaux et salles d’archives. Le mobilier y a été dessiné par Oscar Niemeyer lui-même.

L’étonnant dôme de la Salle du Conseil du siège du PCF

Autre élément central du siège du parti communiste français : la coupole blanche, qui surplombe la salle du Conseil. D’après l’architecte, ce dôme blanc en béton couvert de résine et peint serait inspiré du ventre d’une femme enceinte.

Le dôme, recouvert de peinture blanche, représente un ventre de femme enceinte.

L’intérieur est recouvert de moquette verte. Au plafond, on distingue plusieurs milliers de petites plaques métaliques blanches, chacune perpendiculaire avec sa voisine. Elles serviraient à réfléchir la lumière, ainsi qu’à mieux propager le son à travers l’espace.

La salle du Conseil du siège du parti communiste français.

Au siège du parti communiste, on tourne aussi films et clips

Ce lieu remarquable ne fut pas seulement le siège du parti communiste français. Il accueillit de nombreux événements culturels luxueux, comme des expositions de peintures et dessins, ou un défilé de Prada ou Jean-Paul Gauthier. Angèle et Alain Souchon y tournèrent des clips de musique, tandis que le second étage fut loué à un studio d’architecture et de design et une maison de production.

Des scènes des films De l’autre côté du Périph, 20 ans d’écart ou encore de L’Ecume des jours, l’adaptation cinématographique du roman de Boris Vian, y furent capturées.

La salle du Conseil du siège du parti communiste français.

Crédit photos : François Cavelier + Laurent Scavone